Le GT Easy-DIM du GdR MACS (Modélisation et Analyse de la Commande de Systèmes) du CNRS organise chaque année un workshop scientifique d’une journée. Dans son édition 2013, ce workshop concerne l’Ingénierie d’Entreprise de demain.
Tout projet d’ingénierie dans une entreprise passe par des activités de modélisation permettant d’abstraire et de faciliter la perception d’une réalité réputée complexe. Les modèles résultant sont nécessaires pour chacun des trois axes classiques de l’ingénierie en entreprise : produit / procédé / processus. Ces axes sont naturellement fortement inter dépendants mais les modèles qui y sont utiles et utilisés sont pourtant volontairement distincts pour permettre cette abstraction. Ces modèles sont fonction des objectifs des acteurs du projet (représenter, analyser, partager, prendre des décisions, évaluer, vérifier, valider, qualifier, normaliser, standardiser, simplifier, visualiser, manipuler virtuellement, démontrer, etc.). Chaque axe nécessite de manipuler différents points de vue pour lesquels des modèles particuliers sont attendus (informations, ressources, acteurs, organisation, aspects mécanique, mécatronique ou logiciel, etc.) et basés ainsi sur des paradigmes différents (objet, relationnel ou fonctionnel, par exemple) et des langages de modélisation, quelques fois dédiés métier. De fait, les recherches menées ces dernières années se sont essentiellement structurées autour de démarches d’ingénierie dirigée par les modèles, le développement de techniques de transformation de modèles, la formalisation de langages de modélisation en vue de leur exécutabilité voire même leur standardisation de fait.
Cependant, si cette multitude et cette diversité de modèles est nécessaire et inévitable, comment pourrait-on les intégrer dans des environnements de travail permettant de mieux rendre compte la réalité du phénomène, du système ou encore de l’organisation modélisés ? Autrement dit, comment, dans un processus d’ingénierie, utiliser conjointement des modèles différents, de niveaux de détail ou de points de vue complémentaires, basés sur des paradigmes souvent considérés comme concurrents, pour arriver à se faire une idée plus précise car plus complète de l’objet modélisé ?
La piste explorée lors de cette journée est le passage d’une logique de modélisation orientée axe à une logique de modélisation orientée gestion simultanée des axes et des points de vue. Il s’agit de construire un modèle plus global du système concerné par confrontation et interconnexion de modèles existant dans chaque point de vue en se basant sur des principes et des mécanismes qui seront abordés au cours de la première partie de cette journée. Le résultat de cette modélisation pourrait être une « maquette numérique » de tout ou partie de l’entreprise. Celle-ci pourrait permettre la mise en œuvre de mécanismes ou d’outils de simulation qui feront l’objet de la deuxième partie de la journée.
Les verrous scientifiques et techniques proposés concernent ici l’inter connexion des modèles et des langages, la prise en compte de la complétude, de l’incertitude et la cohérence partielle des modèles, leur usage dans un objectif de « simulation dynamique et interactive dans une perspective de réalité augmentée », ou encore de serious gaming pour l’ingénierie.